Récital de Raffi Ourgandjian, le 22 Septembre 2016

Récital de Raffi Ourgandjian

Le Jeudi 22 Septembre 2016 à 20 h 30

Libre participation

A l’occasion de la sortie du disque « Sûtra »

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« Raffi Ourgandjian a souhaité que ce concert soit comme un point de passage entre les générations et le lieu de la transmission. C’est pourquoi nous avons associé deux de mes œuvres à ce moment priviligié et partagé ce concert avec deux amies musiciennes, interprètes fidèles de nos musiques. Nous le remercions de tout coeur d’avoir accepté de jouer dans un programme qui vous fera découvrir sa dernière oeuvre pour orgue Ourartou ainsi qu’un pièce récente pour flûte basse Douche chant. »

Alain Besson

Interprètes

Raffi OURGANDJIAN : Orgue

Anne DELAFOSSE : Soprano

Françoise DUCOS : Flûtes

Biographies

RAFFI OURGANDJIAN

C’est une vie entièrement consacrée à la musique que celle de Raffi Ourgandjian : travail à l’instrument dès la prime enfance, connaissance immense des répertoires de la musique, passion infinie pour ce qu’elle dégage de l’humain et du sacré. Né en 1937, « son origine arménienne le marque profondément au sceau de l’hypersensibilité. C’est que la rencontre douloureuse de l’Orient et de l’Occident est en lui».(*) Les musiques et philosophies orientales qu’il connaît pour ainsi dire de l’intérieur exerceront alors une influence déterminante sur sa pensée et son langage.
Son orientation vers l’improvisation (et son médium qu’est l’orgue) et la composition, il la doit à une femme exceptionnelle, Elsa Barraine (**), son professeur au Conservatoire de Paris où il reçoit également l’enseignement d’Olivier Messiaen et devient à cette période son interprète privilégié. Il donne en concert, en 1968 à Bruxelles, l’intégrale de I’œuvre pour orgue du maître en première mondiale. En 1965, après Jehan Alain, il reçoit le Premier Grand Prix de Composition des Amis de l’Orgue à Paris qui n’aura que deux éditions.
Raffi Ourgandjian, tout en poursuivant sa carrière d’organiste, se passionne très tôt pour la transmission de son art et se lance dès 1970 dans l’aventure de la décentralisation à Chalon s/Saône, haut lieu en ce temps de cette volonté de démocratisation de l’art, avec Francis Jeanson et Camille Roy. Les maîtres mots de cet engagement dans la musique, dans l’action culturelle et dans l’enseignement se nomment connaissance, imagination, rigueur, recherche, audace, rêve, exigence et création. De ces mots, il fera aussi la base de son enseignement dans le département d’écriture qu’il créé au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon et qu’il dirige de 1980 à 1988.
A son instrument, il époustoufle par sa science des registrations qui transcende les architectures musicales et fait sortir les esprits des tuyaux et des partitions. Pour lui, « il cisèle vibration par vibration, de subtiles monodies modales qui s’entrecroisent»(*) ou de redoutables et granuleuses matières sonores.
« Musicien du souffie, il écrit naturellement souvent pour l’orgue, la voix et les vents. Mais c’est aussi le souffie de l’épopée et du voyage des exilés qui traverse sa captivante musique».(*)

(*) Michel Thion
(**) Raffi Ourgandjian a rendu hommage à Elsa BARRAINE (1910-1999 – prix de Rome en 1929) en enregistrant en 2010 l’ensemble de ses œuvres pour orgue sur l’orgue Merklin en l’Eglise du Saint-Nom-de-Jésus à Lyon. Edition MARCAL classics – distribution UVM www.uvmdistribution.com

ALAIN BESSON

Alain Besson découvre sa vocation musicale au Conservatoire de Chalon-sur Saône : étude du violon avec Jean-Claude Bernède et rencontre de musiciens et compositeurs à la personnalité marquante, en particulier Camille Roy et Raffi Ourgandjian.
Au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon (Département d’écriture), Raffi Ourgandjian l’influence profondément par sa personnalité artistique exceptionnelle et par sa vision très ouverte de la création. Il y étudie également avec Christian Accaoui et Robert Pascal. Yvette Grimaud (professeur d’ethnomusicologie) lui ouvre la voie de la découverte et de l’écoute des musiques de tradition orale.
Sa musique s’inscrit dans des traditions à la fois proches et lointaines : les grands courants de la musique du XXème siècle, particulièrement Webern, Debussy, Messiaen ; les musiques anciennes sur lesquelles il a bâti certains projets en écho aux formes médiévales ; les musique traditionnelles…
Elle puise à la source des références littéraires et philosophiques souvent associées, à la genèse de ses pièces. Un de ses domaine de prédilection est la voix, inspirée par la poésie. Voix sous toutes ses formes : choeurs d’enfants, de femmes, ensembles mixtes, voix soliste, instrumentiste-chanteur.
L’écriture exploite particulièrement la dimension rythmique et déploie le jeux subtil des temps musicaux superposés.
Il aime également confronter son imagination à la virtuosité instrumentale et cultive des collaborations/échanges avec des interprètes dont il est proche, dans l’objectif d’approfondir et d’étendre les techniques de jeu : la flûte avec Françoise Ducos, la clarinette avec Pascal Pariaud, l’orgue avec Raffi Ourgandj ian, la voix avec Anne Delafosse…
Passionné par la transmission, il enseigne actuellement l’analyse et l’écriture au CRR de Cergy-Pontoise.

ANNE DELAFOSSE

Anne a appris à chanter auprès de Marie-Claire Cottin puis s’est spécialisée en Musiques Anciennes au CNSMD de Lyon auprès de Dominique Vellard, Marie-Claude Vallin, Eugène Ferré … Elle a été la première chanteuse de Doulce Mémoire, oeuvre depuis plus de vingt ans au sein de Gilles Binchois, a rejoint récemment l’ensemble Mora Vocis et se consacre à son propre ensemble Les Jardins de Courtoisie, qu’elle a fondé en 2004 après avoir mené plusieurs projets isolés (« Vox Audita Est », « Dafné », « Inconstance et Vanité du Monde », festival Musique Vocale à Silvacane alliant musique du Moyen Age et musique contemporaine). Après avoir enseigné au Conservatoire de Tours et à l’université de FrancheComté, elle est professeur et responsable du département Musiques Anciennes au CNSM de Lyon.

FRANÇOISE DUCOS

A étudié la flûte avec Georges Alirol. Diplômée du CNSM de Lyon, elle se passionne très tôt pour la création et joue en première audition les œuvres qui lui sont dédiées (R. Pascal, R. Ourgandjian, A Besson, J. B. Devillers, J. Ozanne). Elle collabore à des projets mêlant les arts de la scène à la musique (D’ici et d’ailleurs avec la danse, Cosifan Pouet avec des clowns, L’ode maritime au théâtre). Elle se produit aussi régulièrement au sein de différents orchestres.
Professeur de flûte à Est-Ensemble (93), elle contribue avec ferveur à la formation des jeunes musiciens de banlieue.

Programme

Double Chant pour flûte basse, Raffi Ourgandjian

KYÛ pour orgue, Alain Besson

  1. Ricercar
  2. Espaces inversés
  3. Haïku
  4. La vaste conque de l’oreille du monde

Trois Poèmes de Pierre Reverdy pour soprano et flûte alto système Kingma, Alain Besson

  1. Descente
  2. Les mots qu’on échange
  3. Un seul moment

OURARTOU, Mémoire d’exil pour orgue, Raffi Ourgandjian

  1. Our (la maison d’Abraham)
  2. Commentaire I (Bethsabée)
  3. L’Euphrate
  4. Commentaire II (Khandouth)
  5. Ararat

Les Œuvres

Double chant, pour flûte basse, Raffi Ourgandjian (2014)

Depuis la création de Nairi 11 (1987) composé pour Claire Louwagie et Françoise Ducos, Raffi Ourgandjian s’est passionné pour les flûtes graves. Découvrant la flûte basse de l’exceptionnelle luthière hollandaise Eva Kingma dans Ecrits sur le souffle (Alain Besson), il compose Anouchka puis Double chant pour cet instrument. Cette flûte plutôt imposante dévoile tout à tour des accents déchirants, des sonorités douces et profondes, un souffle au bord du silence. Double chant relate sans doute le chemin d’une vie.
A la lenteur du début – facilitée par la pratique de la respiration circulaire – succède la dualité des registres graves et suraigus qui ouvrent un abîme vers les sons multiphoniques en dialogue avec les mélismes (qui ne sont pas sans rappeler le chant du doudouk, hautbois traditionnel arménien). La fin de la pièce prend une certaine distance avec le son – espaçant la vivacité des courbes descendantes avec des halos d’harmoniques toujours plus ténus. Et tout finit par disparaître pour rejoindre la sérénité et le calme premier, comme si rien n’avait existé. (Françoise Ducos)

Kyû, pour orgue, Alain Besson (2003)

Kyû résulte d’une demande de Raffi Ourgandjian. Chez ce merveilleux organiste et musicien, la magie de la rcgistration, l’analyse du texte et la perfection du geste donnent vie à l’écriture souvent suggérée voire abstraite du compositeur non organiste que je suis. Les liens très profonds qui nous unissent ont été, bien sûr, le moteur le plus puissant de l’inspiration et je l’en remercie avec toute mon affection.
Cette pièce en quatre mouvements prend sa source dans la symbolique du chiffre cinq (kyû est la note fondamentale des cinq notes.principales de la gamme chinoise et correspond au chiffre cinq), dans un haïku de Buson (Nuit courte … ) et dans un poème de Rilke, Gong pour la quatrième partie « La vaste conque de l’oreille du monde».

Trois poèmes de Pierre Reverdy pour soprano et flûte en sol (2015)

Poésie limpide – apparente simplicité et expressivité contenue -, en associations de mots, d’images et de sons dans une forme libre et discontinue, la langue de Pierre Reverdy recèle déjà une matière profondément musicale.

Descente joue sur les vitesses et les temps superposés, à la manière d’un motet médiéval à la polyphonie déliée (voix, motetus ; flûte, duplum) diction syllabique du texte ; chaque vers suggère une émotion/image traduite en couleur/ harmonie.

Les mots qu’on échange. Cette pièce est conçue autour de trois personnages évoqués dans le poème et en particulier dans la strophe centrale : « En partant nous étions trois / Mon ombre et moi / Et toi derrière ». La voix est écrite en style parlando, « comme un récitant ». Tout repose sur l’écriture monodique de la flûte : évolution, en toile de fond d’une couleur « halo », sur des échelles spectrales, entre inharmonique et harmonique, en relation avec la clarté/obscurité des paysages du poème. La pièce a été élaborée grâce aux possibilités du système en ¼ de ton Kingma.

Un seul moment. Contrairement à Descente. Un seul moment propose une écriture de la voix particulièrement mélismatique. Chaque mot reçoit un traitement spécifique et la musique cherche à créer des correspondances sonores « à distance », en relation avec la structure phonétique du poème. La flûte, tour à tour, accompagne le jeu de la voix en l’enveloppant d’hannonies ou bien se développe indépendamment comme illustration et « décor». On retrouve là aussi, les temps et métriques superposées.

Ourartou, mémoire d’exil pour orgue, Raffi Ourgandjian (2005)

Ourartou s’apparente à une grande fresque musicale – en trois parties reliées par deux commentaires – qui décrit des paysages et épisodes bibliques mythiques reliés au thème de l’exil.
Abraham quitte Ur en Chaldée(!), la patrie de ses pères pour s’installer avec sa famille dans le pays de Canaan; !’Euphrate (Ill) est le grand fleuve qui délimite la terre promise ; l’Ararat (V), la montagne du déluge et de l’arche symbolise aussi la montagne sacrée des Arméniens qui subirent Je génocide et l’exode. Sont convoquées aussi dans ]es commentaires les figures féminines de Béthsabée et Kandouth.
Cette œuvre grandiose exploite en profondeur les ressources du grand orgue, tous ses possibles de polyphonies, de couleurs, de virtuosités, de puissance … L’écriture rend sensibles et intelligibles les images évoquées.
Ourartou est aussi tout entier traversé par la thématique de l’exil chère au compositeur qui nous en donne une vision intime non dénuée de tragique.

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Sûtra

Sûtra

Chers Amis,

Nous avons le plaisir de vous annoncer la parution du disque Sûtra consacré aux oeuvres d’orgue de Raffi Ourgandjian et Alain Besson.

Sûtra et Ourartou sont les deux oeuvres de Raffi Ourgandjian qui n’ont jamais été données sur les ondes, ni enregistrées.

Sûtra, titre de la première de ces oeuvres qui donne son titre à l’album à paraître, est un terme sanskrit qui signifie « fil ; aphorisme ; traité de rituel ou canonique ».
C’est donc le fil de la pensée, le « fil rouge » qui mène d’une chose à une autre, d’un être à un autre. Dans le cas précis de cet album, on pourrait tenter aussi l’extension du sens de Sûtra à la filiation, au fil de la transmission, car ce disque est bien effectivement une histoire de passages.

SÛTRA (2001), la première pièce de l’album est un hommage filial et respectueux de Raffi OURGANDJIAN à la mémoire d’Elsa BARRAINE.
KYÛ (2001), oeuvre d’Alain BESSON a été conçue à l’intention de Raffi OURGANDJIAN, initiateur du département d’écriture du Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon dans lequel Alain BESSON a terminé ses études musicales.
OURARTOU (2005) se double du sous-titre « Mémoires d’exil » et se veut le rappel au souvenir de l’exil des peuples à travers les millénaires. Le relais est passé, intime et universel.

« Les oeuvres présentées dans ce disque, d’Alain BESSON et de Raffi OURGANDJIAN, sont d’abord des éloges de la lenteur, de la saveur, de la complexité sereine.
On y parle en souriant de choses graves, on prend le temps de penser, de ressentir, d’entendre. Ce sont des musiques qui vous font confiance, qui savent que votre intelligence et votre sensibilité ne demandent qu’à être sollicitées. La lenteur les respecte. On ne vous mitraille pas de sons, on les distille et vos papilles auditives en sont toutes réjouies.
Un Sûtra, en dernier ressort est une métaphore, ce qui vous emmène ailleurs, ou plutôt, au delà. Ce disque est un voyage et la musique vous tient par la main. »

(Michel THION : « Notes d’écoute » pour l’album SÛTRA.)

Le disque sera prochainement disponible dans le commerce. Vous pouvez cependant vous le procurez dès à présent en contactant Annie Ourgandjian (Contact : annie.ourgand@free.fr – 14 rue des grilles – 93500 PANTIN).

Mise à jour du 09 septembre 2017 : le disque est disponible ici !